Préparation consciente à la naissance naturelle
avec le docteur Jean Faillières

Première partie

Alain Boudet

Dr en Sciences Physiques

Ce long texte en deux parties est la reproduction partielle de mon livre
Naissance de l'enfant, renaissance des parents
paru aux éditions Vie et Action en 1981 (épuisé)

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Résumé: La grossesse et l'accouchement sont source de nombreuses interrogations et inquiétudes en ce qui concerne la transformation du corps de la mère, les douleurs de l'accouchement et le nouveau rôle des parents. Il existe souvent une ignorance et des idées erronées sur ce sujet. Se préparer à la naissance, c'est saisir l'occasion de cet événement important pour s'informer, observer et sentir le fonctionnement de nos corps (aussi bien le père que la mère), de la respiration, du cycle féminin, du développement de l'enfant dans le ventre de la mère, des tensions musculaires souvent inconscientes et inutiles. C'est découvrir comment les tensions et les douleurs peuvent être atténuées ou disparaitre si nous débusquons nos fausses conceptions, et si nous nous entrainons à ressentir les signaux du corps et à leur répondre de façon adéquate. Le Dr Faillières était un pionnier de cette éducation des parents et cet article lui doit beaucoup. On y trouve également des conseils d'hygiène pour la mère et le bébé. En apprenant à nous connaitre de façon approfondie, nous devenons plus conscients, plus lucides, plus responsables et autonomes au cours de l'évolution de la grossesse et de l'accouchement, mais aussi dans notre vie personnelle, celle de couple et de parents. L'accouchement peut se dérouler dans la confiance, la décontraction, en respectant le rythme naturel de la mère et de l'enfant.

Contenu de la première partie

Contenu de la deuxième partie

  • La naissance, fête inoubliable
    • L'importance du toucher
    • Attendre pour couper le cordon
    • Le réflexe naturel de téter le sein
    • Retour de l'utérus à sa taille normale
  • Les soins au bébé
  • A l'écoute des couples
  • Prophylaxie des préjudices de la naissance
  • Préparation à la naissance, préparation à la vie

ANNEXES

  • A1: La technologie dans l'accouchement
  • A2: La position dans l'accouchement
  • A3: La sophrologie
  • A4: Naissance sans violence
  • A5: L'haptonomie
  • A6: Chant prénatal
  • A7: L?accouchement à domicile
  • A8: Hygiène psychosomatique pour une naissance heureuse
  • En savoir plus

Aller à la deuxième partie


Mon deuxième fils est né dans les meilleures conditions grâce à la préparation que mon épouse et moi avons suivie avec une équipe dirigée par le docteur Jean Faillières, obstétricien, accompagné de Mme Faillières, sage-femme, un kinésithérapeute et d'autres parents, à Toulouse (France). Au cours de sa carrière, le Dr Faillières (aujourd'hui décédé) a tout d'abord repris les acquisitions de la préparation psychoprophylactique (PPO) du Dr Lamaze (accouchement sans douleur). Puis ses recherches et son expérience l'ont amené à élaborer une méthodologie plus profonde, plus fine, plus globale, plus vivante. Il réunissait les couples à douze séances d'information et d'échanges avec sa femme et lui et à dix séances avec un kinésithérapeute. Pour de nombreuses femmes, l'accouchement s'accompagne d'intenses douleurs. Beaucoup l'évitent par l'anesthésie, mais de cette façon restent étrangères à la naissance de leur bébé.Leur musculature sexuelle subit souvent des dommages et nécessite une intervention chirurgicale. Et pourtant, depuis des années, il existe des moyens simples, peu couteux et efficaces pour obtenir une naissance agréable et consciente, comme le démontrent le Dr Faillières et d'autres tels que le Dr Michel Odent. Or ces moyens ne reçoivent pas la diffusion qu'ils méritent dans les médias ou dans l'enseignement médical. Par ce texte, je souhaite contribuer à la diffusion d'une préparation qui a fait ses preuves.

1976: A l'entrée de la salle de réunion, une pancarte Préparation à l'accouchement. La salle est accueillante, avec des couleurs chaudes; on a laissé apparentes les briques de l'un des murs, dans le style du vieux Toulouse, et l'on y distingue l'emplacement d'une ancienne porte cochère. Sur les autres murs, des photos représentent des mères heureuses qui donnent le sein à leur bébé. Le docteur et Mme Faillières attendent et accueillent les couples. Ils sont une douzaine réunis ce soir pour cette première séance qui a lieu très tôt pendant la grossesse. Les femmes sont enceintes de trois mois au plus.

Pourquoi une préparation à la naissance ?

Pourquoi ont-ils choisi de venir ici ce soir? Est-il utile d'employer du temps, tant de temps, à une naissance qui ne durera pas longtemps? Pourquoi les maris ont-ils accepté de venir? L'accouchement concerne-t-il les hommes? Un groupe de parents, réunis au sein de l'Association de Diffusion, d'Étude et de Recherche pour Mieux Naître - ADERMN - [Note additionnelle 2008: association aujourd'hui disparue], m'a confié que les motivations étaient très diverses (voir référence 1): pour la femme, désir d'éviter les douleurs, ne pas avoir d'enfant handicapé, désir de se prendre en charge, d'acquérir plus de connaissances sur la naissance, d'avoir son mari auprès d'elle au moment de l'accouchement. Quant au mari, il veut faire plaisir à l'épouse en étant auprès d'elle, il veut lui aussi avoir des informations sur la grossesse et l'accouchement, vivre la naissance en famille (2).

Le Dr Faillières définit sa préparation: ce n'est pas seulement une préparation à l'accouchement, mais à la naissance. L'accouchement n'en est qu'un aspect. C'est une prophylaxie psychosomatique qui concerne le couple et pas seulement la femme. Il nous propose de méditer sur cette phrase-clé (il y en a trois ou quatre dans cette préparation): Nous ne sommes pas partisans de l'assistance du mari à l'accouchement, mais nous ferons tout notre possible pour permettre la participation du père à la naissance. Dans cette phrase, chaque mot a son importance. La participation, le père, la naissance, au lieu de l'assistance, le mari, l'accouchement. J'en comprends la nuance, mais je ne ressens pas bien comment cela va pratiquement se traduire dans le vécu. Cela s'éclairera au fur et à mesure des séances, grâce au travail personnel et en couple. Il serait moins profitable au lecteur de lui donner la réponse maintenant. Il est nécessaire que chaque couple y réfléchisse en fonction de son expérience personnelle car, autre idée-force: cela n'ira pas sans travail ni effort comme on nous le dira plus tard.

D'autres questions sont posées, auxquelles chacun répondra selon son opinion, son expérience, sa personnalité. Qui accouche? Le médecin accoucheur? C'est vrai dans la plupart des maternités. Ici non, c'est la mère, c'est le couple. Le médecin participe. Quel est le but de la préparation? C'est d'arriver au résultat suivant. Je souhaite que lorsque vous vivrez cet évènement (la naissance) vous soyez en mesure de vous conduire de manière adaptée à la situation réelle et non à des apparences, à tous les niveaux (physique, affectif, mental).

Cette idée m'interpelle fortement: vivre la situation réelle de façon adaptée. Elle ne concerne pas seulement la naissance, mais toute la vie de l'individu. Les conflits, l'angoisse, les désordres mentaux, ne proviennent-ils pas en grande partie de cette incapacité de s'adapter? Ainsi à l'occasion d'une naissance, le Dr Faillières nous propose une école de la vie et il rejoint en cela d'autres philosophies que j'ai eu l'occasion d'aborder.

Krishnamurti (3) m'avait appris comment la peur, le désir de devenir quelqu'un, la recherche de l'idéal, nous empêchent de vivre en harmonie avec nous-même. Le Zen, un enseignement de l'accomplissement humain, a pour but de dissoudre les illusions du mental afin de saisir la réalité directe dans toutes ses dimensions. Cet état entraine une parfaite adéquacité du comportement (4).

La sémantique générale de Korzybski (5) propose une autre façon d'éliminer les illusions. Elle nous enseigne que la réalité est faite d'un monde d'évènements dans l'espace et dans le temps, dont nos organes des sens ne nous permettent de percevoir que quelques aspects. Le langage par lequel nous décrivons ces perceptions ne communique qu'un certain nombre de caractéristiques choisies parmi celles que nous avons perçues. Il existe donc plusieurs niveaux de sélection ou d'abstraction. Or cette conscience d'abstraire nous fait généralement défaut. Des personnes différentes font des abstractions différentes, d'où les problèmes de communication. La sémantique générale nous invite à prendre conscience des limites de langage et des niveaux d'abstraction. Elle est une interrogation permanente portée sur la validité de nos jugements, de nos cadres d'appréciation, etc. Vivre la réalité présente, vivre dans l'ici et le maintenant en prenant conscience des motivations de nos comportements est un des objectifs essentiels de la psychologie moderne. et en particulier de la biodynamique de la personne, méthode développée par Chantal Servais et Francis Moreaux, "qui permet l'apprentissage de comportements et d'attitudes facilitant une meilleure intégration et adaptation au réel." (6). [Note additionnelle 2008: C'est aussi le cas de la psychologie biodynamique développée par G. Boyesen, qui redonne à la personne la fluidité de sa circulation énergétique profonde en dissolvant tous les cuirasses qui l'encombrent, issues des peurs et des jugements (voir les articles de ce site: Psychologie biodynamique et L'enfant intérieur)].

Ainsi, en partant d'une situation très particulière et privilégiée, la grossesse, le Dr Faillières nous engage à un travail qui a des répercussions bien au-delà du temps de l'accouchement. Il nous propose une autre définition de la préparation. Permettre au couple d'avoir des comportements, des conduites adaptées à une situation réelle (ou à la réalité d'une situation) et non à des apparences. Et il précise:

Permettre à un double sens, c'est d'une part donner la permission. Et le couple ressent ce qu'il lui est permis de faire. Il peut avoir la liberté. Il est autorisé. Langage peu ordinaire chez un médecin. Le pouvoir n'appartient-il pas au corps médical qui veille jalousement sur ses privilèges? L'accouchement n'est-il pas devenu un phénomène purement médical? On accouche à l'hôpital et la grossesse est considérée comme une maladie. Les couples demandent à être pris en charge et il est vraiment exceptionnel qu'ils soient capables d'assumer la naissance de leur enfant. Le Dr Faillières veut redonner le pouvoir aux couples.

La préparation devra aboutir à cette prise de pouvoir. Ce seront les couples qui auront l'autorité, c'est-à-dire qu'ils deviendront auteurs. Permettre, c'est d'autre part donner la possibilité et le moyen d'exercer cette permission. Acquérir une compétence pour exercer cette liberté. Le couple osera-t-il, supportera-t-il de l'exercer? Combien préfèreront la passivité, l'assistance? Car, nous est-il annoncé: Cela n'ira pas sans travail, sans effort et sans sensations.

Les sensations! éléments essentiels de la préparation du Dr Faillières. Nous entendons par là aussi bien les sensations physiques (j'ai chaud, j'ai froid, etc.) que les sensations psychiques (sensation de sympathie avec une autre personne, par exemple). Nous y reviendrons plus loin. C'est un énorme travail, auquel il faut consacrer un temps important. Est-ce que cela en vaut la peine? Après tout, on peut très bien supprimer les douleurs de l'accouchement sans travail. C'est facile avec l'anesthésie. On vous livre le bébé, vous ne vous êtes aperçu de rien. Mais est-ce une naissance? On ne peut pas dire que la maman a mis son enfant au monde.

Acquérir de son corps une image juste

Comment la femme vit-elle les transformations de son corps au cours de la grossesse et de l'accouchement? Peur d'être alourdie, abimée, dévalorisée? Menace d'épisiotomie, de forceps, de césarienne? avec quel préjudice pour la mère et pour l'enfant? Comment sont interprétées les paroles du médecin ou du personnel médical de la maternité? Qu'évoque une remarque comme Madame, votre enfant a une circulaire autour du cou? Peur de l'étranglement, de la mort? Ce sont les questions que se pose Claude Revault d'Allones (Xe congrès international de PPO, 1974. Evian - 7). On peut, dit-elle, distinguer la réalité du corps, et l'image que l'on se fait de ce corps à travers les expériences vécues de la douleur, de la peur, de la jouissance, à travers les émotions, les souvenirs et l'imagination.

Et vous, lectrices et lecteurs, quelle idée vous faites-vous de la grossesse et de l'accouchement? L'un des buts de la préparation est de permettre aux couples d'acquérir une image correcte du corps, de la grossesse et de l'accouchement. Le Dr Faillières apporte un certain nombre d'informations anatomiques et physiologiques: l'anatomie du bassin, les règles, le développement de l'oeuf, l'accouchement. Cette information, quoiqu'indispensable, serait peu de chose si elle était diffusée sous forme de cours magistral. Or le groupe est invité à s'exprimer, à dire comment chacun conçoit son corps et l'accouchement, et à analyser les idées émises. Alors sont mis à jour les idées reçues, les préjugés, les fausses représentations, les fantasmes, issus d'une culture erronée.

Le bassin et les organes génitaux de la femme

Qui ne connait pas le schéma anatomique de la femme? Dans le groupe, personne ne répond, ce qui laisse supposer que tout le monde le connait, à moins que l'on n'ose avouer son ignorance. Nous voici donc en train d'examiner un bassin reconstitué. Il passe entre nos mains et nous pouvons le regarder, et aussi le toucher et le soupeser (fig.01 a, c). Le bassin est un ensemble osseux comprenant en arrière le sacrum et de part et d'autre les os iliaques. Ces trois os sont unis entre eux par des symphyses, sacro-iliaque en arrière et pubienne en avant, constituées de cartilages.

Fig.01- Le bassin de la femme
Bassin vu de dessous bassin vu de dessous Bassin vu de face
a- Vue de dessous, position obstétricale b- Vue de dessous avec les muscles c- Vue de face
1. symphyse pubienne avec ses ligaments; 2. pubis; 3. os iliaque; 4. sacrum; 5. articulation et symphyse sacro-iliaque; 6. urètre; 7. vagin; 8. muscles du périnée; 9. rectum; 10. muscles releveurs de l'anus

Qu'il est étroit, le passage pour le bébé! Comment sa tête peut-elle passer dans ce canal? Effectivement, un enfant ne peut pas passer dans le bassin et dans les canaux procréateurs d'une femme. Par contre, dans ceux d'une mère, tout est étudié et préparé pour. Comment? Tous les tissus (peau, muscles, ligaments) deviennent plus élastiques et acquièrent une meilleure élongabilité. Les symphyses qui, en dehors de la grossesse, ne permettent pas le mouvement, se ramollissent. Les os peuvent alors jouer les uns par rapport aux autres. Ainsi, au moment de l'accouchement, le bassin pourra-t-il s'ouvrir pour permettre l'engagement. Le sacrum bascule, pointe en avant. Puis au moment du dégagement, il bascule en arrière.

Cependant, ces mouvements de bascule ne se font librement que s'ils sont exercés. Ils ont besoin en quelque sorte d'être dérouillés et huilés. Comment? Par l'entrainement. Il est important que la mère s'exerce quotidiennement à faire travailler l'articulation sacro-iliaque par des mouvements fréquents de bascule du bassin. Le dégagement de l'enfant en est beaucoup facilité. Dans certains cas où la radiographie indiquait un bassin trop étroit, ces exercices ont permis d'éviter une césarienne (opération qui consiste à ouvrir le ventre sous anesthésie pour en sortir le bébé). Ces exercices ont bien d'autres effets que nous comprendrons par la suite.

Exercices de bascule du bassin: En position debout, adossez-vous à une paroi verticale lisse. Puis, doucement, collez les vertèbres lombaires (le creux des reins) contre la paroi quelques secondes. En même temps, le bas de votre pubis se portera vers l'avant. Relâchez, puis accompagnez le mouvement en sens inverse en creusant les "reins" au maximum, tandis que le pubis se retire en arrière. Relâchez doucement. Recommencez une cinquantaine de fois. Vous pouvez également le faire en position assise ou couchée.

La figure 01b montre que le fond du bassin est garni d'un plancher de muscles traversé par trois orifices dont le vagin. Nous verrons l'importance d'obtenir une bonne décontraction des muscles du périnée pour le bon déroulement de l'accouchement.

Comment vous représentez-vous le vagin et l'utérus? Essayez de réfléchir et de répondre avant de continuer votre lecture. Les schémas habituels les montrent comme des cavités creuses. Qu'y a-t-il donc dedans? De l'air? Non. En réalité les parois se touchent. Ce sont des cavités virtuelles qui ne prennent du volume que lorsqu'elles ont un contenu (fig.02). L'utérus est un organe musculaire ouvert dans le vagin par l'orifice externe du col et vers la cavité abdominale par les trompes. Sa taille totale est de 7 cm de haut environ. Il se compose de deux parties très différentes: le corps, long de 4 cm, sac musculaire proprement dit et le col, organe de passage, long de 3 cm. Entre les deux, un renforcement de fibres musculaires constitue le sphincter isthmique.

Fig.02- Les organes féminins internes
Organes féminins Organes féminins
a- Coupe longitudinale du bassin c- coupe de l'utérus
1- muscles abdominaux; 2- trompe; 3- ovaire; 4- péritoine; 5- utérus; 6- vessie; 7- pubis; 8- clitoris; 9- vagin; 10- urètre; 11- petites lèvres; 12- grandes lèvres; 13- périnée; 14- anus; 15- rectum; 16- sacrum (colonne vertébrale); 17- corps de l'utérus; 18- col de l'utérus; 19- sphincter isthmique; 20- bouchon muqueux; 21- ligament; 22- os iliaque
Organes féminins Organes féminins
b- vue plongeante d- vue verticale arrière, trompes déployées

Ces organes sont enveloppés par une membrane extrêmement souple et résistante, le péritoine. Elle épouse les formes des organes et suit leur évolution. C'est ainsi que son élasticité lui permet de s'adapter au grossissement de l'utérus au cours de la grossesse. La schéma ci-contre indique sa place par rapport aux organes. Les organes se trouvent situés entre le péritoine et la paroi abdominale. Le péritoine forme une poche presque vide, dont les parois se touchent comme celle d'un ballon de caoutchouc dégonflé et qui vont se faufiler sur la surface de tous les organes, facilitant leurs mouvements relatifs. Seuls les ovaires sont situés à l'intérieur. Les ovules s'en détachent et sortent de cette enceinte par deux orifices situés en face du pavillon tubaire. Chez l'homme, ce sont les testicules qui sont enfermés dans le péritoine. Il est remarquable de constater le statut spécial qui est conféré au germen, cellules de l'hérédité et de la continuation de l'espèce, nettement séparé du soma, cellules de l'individu.

L'hymen, autre membrane fine et cependant très solide, est situé à l'orifice externe du vagin. Il se rompt plus ou moins au cours du premier acte sexuel et il subsiste sous forme d'une sorte de dentelle très résistante et très élastique. C'est ainsi qu'au cours de l'enfantement, il reste intact pendant l'ampliation du périnée au cours de laquelle l'orifice du périnée s'élargit peu a peu pour laisser paraitre la tête. Or, curieusement, c'est juste à l'instant de la venue au monde qu'il se déchire, alors qu'il a bien tenu jusque là.

Comparons le bassin de la femme à celui de l'homme (fig.03). Les mêmes éléments se retrouvent dans l'appareil génital de l'homme et dans celui de la femme: le clitoris est de nature érectile comme la verge de l'homme. Imaginons qu'il grossisse excessivement pour former la verge. Les ovaires transportés sur les grandes lèvres correspondraient aux testicules. Enfin agrandissons les grandes lèvres afin d'en envelopper les testicules et cousons-les au milieu sur le dessus. Ne sont-ce pas les bourses? Et d'ailleurs, nous pouvons constater, en observant les bourses, qu'il y a encore la cicatrice de cette couture! (fig.04).

organes génitaux masculins organes génitaux féminins clitoris
Fig.03- Organes masculins Fig.04a- Organes féminins externes (vulve) Fig.04b- Clitoris
1- sacrum; 2- muscles abdominaux; 3- vésicule séminale; 4- canal déférent; 5- rectum; 6- vessie; 7- pubis; 8- prostate; 9- périnée; 10- anus; 11- verge; 12- testicule; 13- gland; 14- prépuce 1- clitoris; 2- méat urinaire; 3- vagin; 4- petites lèvres; 5- grandes lèvres; 6- anus Contrairement à une idée répandue, le clitoris ne se limite pas à la pointe extérieure (en haut sur l'image). C'est un corps long de 8 cm environ, qui se prolonge de part et d'autre du vagin jusqu'aux cuisses (d'après Helen O'Connell)

La similitude des appareils sexuels masculin et féminin est extraordinaire. Mais à quoi bon parler de l'appareil masculin pour l'accouchement? Parce que c'est, pour de nombreux couples, le point de départ d'une observation réciproque et de discussions sur la sexualité. Combien osent se regarder, s'interroger, se connaitre réciproquement sur les questions sexuelles? (voir aussi dans ce site les articles Hommes et femmes, et Sexualité)

Les règles

Les règles, qu'est-ce que c'est, d'après vous? Les réponses du groupe se font attendre. Enfin, on peut entendre que c'est une desquamation normale des tissus, un ovule non fécondé. En somme, des réponses tout à fait rationnelles, que l'on ne peut connaitre qu'en les lisant dans des livres scientifiques. On y cherche vainement le vécu propre de chaque femme et aussi de leur mari. L'une se risque à dire les règles, c'est bien enquiquinant. L'adjectif normal est prononcé plusieurs fois, comme si on avait besoin d'être rassuré sur ce phénomène. Il a été dit aussi, c'est du sang, c'est une hémorragie. Que cachent ces mots? N'évoquent-ils pas une blessure qui saigne? Et qui s'arrêtera quand? Qui dit blessure dit agression. On peut comprendre l'angoisse liée aux règles, le besoin d'être rassurée, d'entendre dire que c'est normal. En réalité, les règles ne sont pas une hémorragie et le sang qui s'écoule est un sang qui a perdu ses propriétés physiologiques, par exemple celle de coaguler. [Note additionnelle 2008: mais qui possède des vertus thérapeutiques, selon l'expérience des peuples de la terre tels que les aborigènes d'Australie]

Ces comportements ont généralement comme origine une information déformée et déformante à la fillette: tu vas perdre du sang tous les mois. La culture populaire inculque la notion que les règles seraient une gêne, un malaise, qu'elles seraient impures et sales. Aussi les femmes les vivent-elles péjorativement et ont surtout l'envie de s'en débarrasser. Les règles ne s'écoulent-elles pas entre le méat urinaire et l'anus, une région sale que l'on doit cacher? De plus en plus la société camoufle le phénomène. Plus de serviettes que tout le monde peut voir sécher sur le fil, mais des serviettes jetables que l'on glisse discrètement dans la poubelle. Et la publicité des tampons insiste de façon répétitive pour se comporter comme si elles n'existaient pas ou pour s'en protéger !!

Les règles s'inscrivent dans un cycle de 28 jours environ et se manifestent par un certain nombre de phénomènes. Qu'avez-vous observé personnellement et où situez-vous ces observations dans le cycle? Il serait utile que le lecteur (femme ou homme), réponde avant de poursuivre la lecture. Dans le groupe, les réponses sont timides. On n'ose pas parler de ces choses devant les autres: les règles, 5 jours ? des pertes blanches ? des malaises ? les seins qui gonflent ? une modification de l'humeur. Petit à petit, le groupe constitue l'ensemble des observations, mais combien difficilement. On a peur de ces phénomènes. Est-ce normal d'avoir des pertes blanches, ne sont-elles pas trop abondantes, trop peu? Les seins gonflent, qu'est-ce que cela cache? Qui parmi nous prend le temps d'écouter son corps et celui de son partenaire? La plupart des participants n'avaient remarqué que la manifestation la plus évidente: les écoulements.

La figure ci-dessous rapporte des observations possibles (variant avec chaque femme) situées dans le temps. Repérer ces éléments en soi permet d'avoir mieux conscience de son corps et de savoir où l'on se situe dans le cycle. Le nombre de 28 jours n'est qu'un exemple fréquent. La longueur du cycle peut varier.

Règles
Règles
Règles
Règles
Règles
Règles
La température corporelle subit le même cycle. En gros, la température est inférieure à 37 degrés avant l'ovulation, supérieure après. A l'ovulation correspond une baisse notable. Voici une courbe possible des températures rectales.

Corrélativement, d'autres modifications moins ou pas observables ont lieu. Elles concernent le taux des hormones sexuelles, l'ovaire, la cavité utérine et le vagin. L'ovaire a la grosseur d'une petite amande. A sa surface, le follicule de de Graaf grossit, libère l'ovule et se transforme en corps jaune. Le corps jaune produit des hormones (essentiellement la progestérone).

Une hormone est une substance produite par les glandes à sécrétion interne (hypophyse, thyroïde, surrénales, ovaires, etc.), c'est-à-dire que cette substance est déversée dans le sang. Le taux de progestérone augmente avec le développement du corps jaune. Sa chute provoque les règles au 28e jour. La folliculine est l'hormone femelle mais on trouve également l'hormone mâle (androgène). De même, les deux hormones coexistent chez l'homme, mais en proportion inverse.

Ce sont les hormones sexuelles du corps jaune et des surrénales qui induisent les modifications de l'utérus. Pour comprendre ces phénomènes, décrivons l'utérus plus en détail. Le corps de l'utérus est tapissé par une muqueuse formée de cellules qui sont reliées entre elles par un réseau circulatoire dense muni de sphincters, c'est-à-dire d'anneaux musculaires agissant comme des robinets. Sous l'action des hormones, les cellules se multiplient et la muqueuse s'épaissit. D'autres cellules émettent un liquide clair qui va en s'épaississant. Le 14e jour, il devient sirupeux comme de la gelée de coing. A la fin du cycle, la "robinetterie" se ferme. Comme un fruit arrivé à maturité, les cellules se détachent. Ce n'est donc pas du sang frais qui coule, mais des cellules de la muqueuse du corps utérin, et du sang mort dont la couleur, la consistance sont transformées. Parfois cependant, on peut rencontrer des caillots, signe que du sang vivant a coagulé: les sphincters ont mal fonctionné. Les causes peuvent être d'origine physiologiques ou psychologiques: les évènements extérieurs, les préoccupations, les soucis, la fatigue, les voyages, etc. influent sur les règles et la durée du cycle.

Le canal cervical de l'utérus ne comporte que des glandes et la muqueuse ne se modifie pas. A partir de la deuxième semaine, elle secrète la glaire cervicale qui coagule après l'ovulation pour former le bouchon muqueux. Entre le corps et le col, l'orifice isthmique laisse passer le flux menstruel et les sécrétions avant l'ovulation, puis se ferme solidement sous l'influence de la progestérone. Le vagin quant à lui ne subit pas d'évolution: la muqueuse ne change pas et ne produit pas de sécrétions.

Le développement de l'œuf

Au cours des rapports sexuels, les spermatozoïdes sont libérés dans le vagin. Ils n'y survivent pas habituellement car l'acidité du vagin ne leur convient pas. Si on la mesure par le pH, c'est-à-dire dans une échelle qui va de 0 à 7 pour l'acidité et de 7 à 14 pour l'alcalinité, le pH du vagin est de 4,5. Or les spermatozoïdes ont besoin d'un milieu de pH 8 à 8,5. Dans la deuxième semaine du cycle menstruel, les sécrétions utérines qui s'écoulent dans le vagin ont justement un pH de 8,5. Pendant cette période les spermatozoïdes peuvent remonter le long de ces glaires, puis dans l'utérus jusqu'à l'ovaire. Si justement l'ovule vient de se détacher, vers le quatorzième jour, l'un des spermatozoïdes va fusionner avec l'ovule, le féconder et cela produit l'oeuf.

Fig. 05- l'échelle des chromosomes
chromosomes chromosomes chromosomes
a. division lors
de la croissance
cellulaire
b. Division
sexuelle
(femme)
c. Division
sexuelle
(homme)

Dès cet instant, le sexe du bébé est déterminé par les chromosomes de l'oeuf. En effet, les cellules de l'être humain comportent 23 paires de chromosomes que, pour la commodité de la représentation, nous allons imaginer être les 23 barreaux d'une échelle (voir article La molécule d'ADN et le code génétique dans ce site). Pour croitre, pour remplacer ses tissus abimés, l'individu fabrique de nouvelles cellules. Pour cela, les cellules se divisent en deux pour donner deux nouvelles cellules. Dans cette division, les chromosomes se séparent en deux, comme lorsque l'on scie l'échelle sur la tranche, en donnant deux échelles identiques avec chacune 23 paires de chromosomes (fig.05a). Par contre, lorsqu'il fabrique ses gamètes (ovules et spermatozoïdes), l'individu produit des cellules avec 23 chromosomes, comme si l'on sciait l'échelle au milieu des barreaux (fig.05b). Or, si les deux moitiés de l'échelle sont identiques chez la femme, une moitié X et une autre moitié X, il n'en est pas de même chez l'homme. Le 23e barreau est dissymétrique: d'un côté on a un chromosome X et de l'autre un Y. En se divisant, il donne un spermatozoïde X et un spermatozoïde Y (fig.05c). Au cours de la fécondation, si le X fusionne avec un ovule X, cela donne une cellule XX de sexe féminin. Si le spermatozoïde Y fusionne avec un ovule X, cela donne une cellule XY de sexe masculin.

A partir de la fécondation, le cycle féminin se transforme. De 28 jours, il passe à 9 mois, avec une courbe de progestérone comparable: l'ovulation ayant lieu le 14e jour, la fécondation se produit, alors que le corps jaune est actif et que le taux de progestérone augmente. Lorsqu'il diminuera, les sphincters pourront s'ouvrir et ce sera l'accouchement.

Pour calculer la date présumée de l'accouchement, on compte, à partir de la date des dernières règles, deux semaines pour l'ovulation et la fécondation plus neuf mois de développement de l'oeuf. Mais, si pour une cause quelconque, l'ovulation a lieu plus tard que le 14e jour, le même retard s'appliquera à l'accouchement. Ce retard n'a donc rien de pathologique. On peut savoir le jour de l'ovulation si l'on prend la courbe de température.

Quelle est à votre avis, la taille de l'ovule? Le Dr Faillières cite le cas d'une dame qui s'imaginait que l'ovule avait la taille d'un oeuf de poule. Ses douleurs menstruelles n'avaient pas d'autre cause que cette fausse représentation. Un ovule aussi gros ne pouvait que lui faire mal en passant. Lorsqu'elle fut informée, ses douleurs disparurent. La taille de l'ovule est celle de la pointe d'une épingle. L'œuf, constitué au départ d'une seule cellule, grossit par division de cette cellule en deux, puis quatre, etc. tandis qu'il progresse le long de la trompe (fig.02). Il échange avec le liquide ambiant des substances qui le nourrissent et atteint en 8 jours la taille d'une tête d'épingle. A cette date, c'est-à-dire à la fin de la troisième semaine du cycle menstruel, il est constitué de 64 cellules et présente l'aspect d'une mure microscopique. Il arrive dans la cavité utérine et se niche dans un repli de la muqueuse qui en est alors au maximum de son développement.

La figure 06 nous montre comment il se développe au cours de la grossesse. Appelé embryon dans les trois premiers mois, il est constitué de trois couches concentriques: la couche interne donnera naissance au tube digestif, la couche moyenne, aux muscles et au sang, et la couche externe aux organes des sens et au cerveau, organes qui nous mettent en relation avec l'environnement. L'embryon, au cours de son développement passe par tous les stades qu'a connus l'espèce humaine. C'est ainsi que dans les premières semaines, les cellules du rein sont semblables à celles du rein de lamproie, puis plus tard celles des batraciens. A deux mois et demi, l'activité hormonale du corps jaune décline et le placenta prend le relais. A trois mois, tous les organes de l'embryon sont formés.

Fig.06- De l'œuf au fœtus
oeuf 1 oeuf 2 oeuf 3
8ième jour 13ième jour Troisième semaine

1- muqueuse de l'utérus; 2- cavité amniotique; 3- disque embryonnaire; 4- sac vitellin; 5- cavité coelomique; 6- chorion; 7- embryon; 8- cordon ombilical; 9- placenta; 10- utérus

oeuf 4 oeuf 5 oeuf 6
deuxième mois troisième mois l'œuf dans l'utérus
oeuf 7

Fig.07- Le bébé au troisième trimestre.

6- chorion; 7- embryon; 8- cordon ombilical; 9- placenta; 10- utérus; 11- liquide amniotique; 12- vagin; 13- bouchon muqueux

Tel un cosmonaute dans l'espace, le bébé flotte en apesanteur dans le liquide amniotique, remue, voyage d'un côté à l'autre de son habitacle. Au fur et à mesure qu'il grossit, le liquide diminue. Il frôle les parois et c'est cette sensation que perçoit la mère à partir de 4 mois et une semaine. A 4 mois 1/2, il peut se caler entre les parois. Vers 7 mois, il peut provoquer des bosses dans le ventre avec ses membres. C'est à 5 mois que les bruits du cœur sont perceptibles au stéthoscope, et à 6 mois 1/2 ou 7 mois, en appliquant l'oreille sur le ventre de la mère. Chercher à percevoir les mouvements, les bruits du coeur, constitue une recherche merveilleuse pour le couple, et éventuellement pour les ainés pour qui c'est la première manifestation directe de la présence de l'enfant. En fin de grossesse, la situation est représentée sur la fig. 07.

Le liquide amniotique et le placenta jouent un rôle important. Le bébé baigne dans le liquide amniotique, appelé couramment les eaux, dont l'une des fonctions est de répartir toute pression, tout choc reçu par l'utérus sur toute la surface du bébé. Il sentira ainsi la pression augmenter très légèrement, mais ne subira pas de choc. Aussi, vous pouvez être rassurés, un coup accidentel ne traumatise pas le bébé, il est bien protégé, ce qui n'empêche pas qu'il vaut mieux l'éviter.

Le placenta a la forme d'un béret basque. Il est isolé de l'organisme de la mère par la membrane placentaire qui constitue une surface d'échange de quelques 15 à 16 m2. Ces échanges sont sélectifs. Le sang de la mère et de l'enfant ne sont pas mélangés. Le placenta joue le rôle de filtre qui arrête les globules rouges et aussi, les microbes. Passent les sels, les anticorps, les virus, certaines molécules, par exemple certains médicaments. Des globules rouges ne peuvent passer que s'il y a éraillure ou déchirure des tissus. Cela peut avoir de l'importance si la mère a un rhésus négatif et l'enfant un rhésus positif. Dans ce cas, si la mère reçoit des globules rouges de l'enfant, elle produit dans son sang des anticorps contre ces globules, qui, s'ils passent dans le sang de l'enfant, seront préjudiciables à celui-ci. En pratique, ils ne passent pas dans le sang d'un premier bébé, car ces éraillures s'il y en a, se produisent à l'accouchement. Les anticorps produits alors ne peuvent être préjudiciables qu'au second enfant. S'ils sont présents! Car c'est loin d'être systématique. Cela n'arrive que dans 5 % des cas. Une analyse de sang de la mère après l'accouchement révèlera si des anticorps se sont formés. Si oui, on lui injecte des immunoglobulines qui les détruisent. Préventivement, la mère a intérêt à avoir une hygiène de vie qui lui assure de bons tissus.

posture

Fig.08- 
A:mauvaise posture
B: posture correcte

En même temps que l'œuf, l'utérus augmente de taille. Quelle est selon vous la taille de l'utérus en dehors de la grossesse? Une noisette? Une orange? Un melon? Et quel poids pèse-t-il? L'utérus pèse de 50 à 60 g et a la taille d'une grosse figue (la figue-fleur bien connue dans le Languedoc, précise le Dr Faillières avec humour) ou d'une poire de la St-Jean. De quelle manière grossit-il? Se gonfle-t-il comme un ballon de baudruche dont la paroi devient de plus en plus fine et de plus en plus fragile? L'utérus serait alors à la merci du moindre choc, et le bébé par la même occasion. Bien sûr, la nature est plus astucieuse. Une fois de plus nous comprendrons qu'elle est merveilleusement programmée pour le plus grand bien de la mère et de l'enfant. L'utérus est un muscle qui se développe, passant à 2 mois à la taille d'une orange, à 5 mois d'une pastèque, et en fin de grossesse, avec une paroi épaisse, il pèse 1,5 kg. Alors que le col ne grossit pas et ne fait que s'assouplir pour se préparer à l'accouchement, la paroi du corps utérin voit augmenter le nombre et la grosseur de ses cellules qui sont irriguées par une circulation remarquable. Cependant, après l'accouchement, il involue très vite, c'est-à-dire reprend son volume primitif. En 8 jours, on ne peut plus le sentir à la main. En 1 mois 1/2 à 2 mois, il a complètement involué et ce phénomène est favorisé par l'allaitement.

L'utérus, en se développant, a tendance à comprimer la veine cave qui monte des jambes vers le coeur, et les uretères qui vont des reins à la vessie. Cela peut constituer une gêne pour la circulation retour, et un facteur favorisant l'infection urinaire. En augmentant le jeu du coccyx, donc l'espace disponible, les mouvements de bascule du bassin constituent une excellente prévention de ces troubles. Ils ont encore l'avantage d'entrainer la mère à avoir une attitude correcte de la colonne vertébrale (fig.08). Si elle n'y prend garde, l'utérus déplace le centre de gravité du corps vers l'avant, accentuant la cambrure (lordose), et l'affaissement des épaules (cyphose). Des exercices réguliers, ainsi qu'une prise de conscience de son attitude correcte évitent cet inconvénient.

L'hygiène de la mère pour favoriser l'adaptation

En comprenant comment se développe l'œuf, les parents peuvent mesurer toute l'importance de l'hygiène de la mère pour le déroulement correct de ces processus.

Pour vivre, croitre, maintenir leur potentiel de santé, les êtres humains entretiennent des échanges constants avec leur environnement et s'adaptent de façon considérable aux variations de celui-ci. L'environnement est constitué de facteurs physiques tels que la température, l'humidité, la nourriture, et de facteurs psychologiques et socioculturels tels que l'ambiance affective et l'éducation. L'être humain lui-même se compose d'un corps et d'un esprit qui sont étroitement imbriqués en un organisme total. Environnement physique, environnement culturel, corps, esprit sont en relation constante et cherchent leur équilibre toujours changeant par le jeu des échanges.

Si, par exemple, la température baisse, un régulateur interne de mon corps (thermostat) commande de produire plus d'énergie en brulant plus d'aliments, en activant la circulation, etc., afin de maintenir la température intérieure constante et égale à 37°C. Il existe ainsi de multiples régulateurs qui maintiennent constantes les conditions intérieures. C'est la loi d'homéostasie. Ainsi, que j'absorbe beaucoup ou pas de sucre, le taux du sucre dans le sang n'évoluera pas beaucoup autour d'une valeur moyenne, de même que le taux d'autres substances dans le sang. Voilà comment le corps réagit à une influence physique. En fait l'esprit aussi réagit: si la température baisse, je peux prendre conscience qu'il fait froid et je réfléchis à la solution à adopter: me couvrir. La solution est en outre influencée par mes émotions: je choisis un vêtement agréable, ou bien je refuse de me couvrir pour montrer que je suis un "dur". Si ma réaction est correcte, elle me permet de m'adapter à la nouvelle situation et d'y faire face.

Les hormones jouent un rôle essentiel dans la réponse de l'organisme à une influence extérieure. Ce sont des substances déversées par des glandes dans le sang qui les véhicule dans tout l'organisme. Celui-ci réagit sous leur influence. Ainsi, lorsqu'un œuf se développe dans l'utérus, les hormones qui sont libérées induisent dans le corps des réactions biologiques. Celles-ci sont destinées à préparer l'organisme féminin à sa nouvelle fonction (imbibition gravidique). On en a déjà vu des exemples, le jeu des symphyses, le développement de l'utérus et du vagin; on peut ajouter le développement des seins et de la lactation.

On distingue les glandes à sécrétion interne, traversées par le sang qui emporte les sécrétions au passage, et les glandes à sécrétion externe qui déversent leurs sécrétions dans l'environnement, c'est-à-dire soit à l'extérieur du corps (glandes sudoripares, lacrymales) soit dans des cavités du corps communiquant avec l'extérieur (glandes salivaires, vésicule biliaire, pancréas). L'ovaire libère l'ovule dans l'environnement: le bébé dans l'utérus est certes bien protégé à l'intérieur du corps, mais il n'en est pas moins dans une cavité du corps communiquant avec l'extérieur. Il est séparé du corps de la mère et leurs échanges s'effectuent par le placenta.

C'est de la qualité de ces échanges que dépendra la santé de la mère et de l'enfant. Celui-ci a besoin de nourriture et d'oxygène, en quantité et en qualité suffisantes et c'est la mère qui est responsable de cet apport par l'intermédiaire de son sang. Aussi est-il particulièrement important qu'elle surveille sa nourriture, sa respiration, ses exercices physiques, ses relations sexuelles, son humeur (ressentie par le bébé par l'intermédiaire des hormones), ses activités mentales. Le père a ici son rôle à jouer car il aide à créer le climat nécessaire.

Le problème fondamental qui est posé est le suivant: lorsque je me trouve dans une situation nouvelle comme l'accouchement, suis-je capable de m'adapter (je=mon organisme total)? L'adaptation a ses limites. Plus ces limites sont reculées et plus l'adaptabilité est grande. Si je dépasse mes limites, l'adaptation peut se faire mais au détriment de certaines parties de moi-même et lorsque l'adaptation n'est plus possible, c'est la mort. Il y a donc un grand intérêt à augmenter l'adaptabilité par un développement harmonieux de l'organisme total: entrainement et hygiène.

Le Dr Faillières indique un certain nombre de mesures d'hygiène. On apprend qu'il faut respirer pour quatre et manger pour 1/2. La croyance populaire veut qu'il faille manger pour deux. C'est faux. Pendant la grossesse, la nourriture est beaucoup mieux assimilée. Attention au poids excessif. Estimons le poids supplémentaire acquis pendant la grossesse: bébé 3,5 kg + placenta 600 g + liquide 250 g + utérus 1,5 kg + sang 1,5 kg + seins 500 g, soit au total 8 kg. Certaines femmes perdent des graisses et sont plus maigres après l'accouchement. Éviter de dépasser ces 8 kg.

Surveiller l'alimentation: supprimer l'alcool, le tabac qui a une action néfaste sur la membrane placentaire, le café, le thé. Attention aux coquillages, conserves, carottes nitratées, sources d'intoxication. Supprimer le sel car le métabolisme de la femme enceinte retient le sel et cela augmente la quantité de liquide dans les tissus. Ordinairement, on sale les plats plus par tradition que par besoin biologique. Bien laver les légumes. La respiration et les exercices physiques tiennent une grande place et méritent une section à part.

Respirer pour 4 !

La respiration revêt une grande importance pour l'accouchement sans aucun doute, mais aussi tout au long de la grossesse. Depuis que le Dr Lamaze a introduit en 1952 la méthode de l'accouchement sans douleur, on connait généralement la respiration haletante superficielle, dite du petit chien, qui permettrait de supprimer la douleur. Le Dr Faillières nous apprend qu'elle est dépassée.

Parlez-nous de votre respiration. Les participants connaissent bien des choses qu'ils ont appris dans les livres: oxygène, gaz carbonique, alvéoles, etc., mais aucun ne pense à dire: je sais que je respire parce que je sens que je respire. Je sens le frottement de l'air dans le nez, la gorge, la trachée artère; je sens mes côtes qui s'écartent, mon diaphragme qui s'abaisse, mon ventre qui se relâche, etc. Si peu ont conscience de leur respiration!

volume d'airLa respiration permet de puiser dans l'environnement l'oxygène indispensable et d'y rejeter des déchets. Le schéma ci-contre indique le volume d'air qui emplit les poumons. L'air courant est celui que l'on ventile inconsciemment, sans y penser. Lorsque l'on souffle volontairement à fond et que l'on inspire à fond, on peut alors prendre 3,5 litres d'air. En fait, il est fréquent que la capacité respiratoire ne soit que de 2 litres. Grâce à l'entrainement, on augmente la capacité pulmonaire, ou au moins, on acquiert une meilleure connaissance de sa respiration. C'est aussi commencer à se libérer des habitudes, à prendre la responsabilité de son corps et le faire vivre au lieu qu'il survive.

Par l'augmentation de la ventilation pulmonaire, on agit sur la vigueur du poumon: toutes les alvéoles sont utilisées et les déchets qui avaient tendance à s'accumuler sont évacués ou oxydés. La respiration a aussi des répercussions sur la circulation: c'est le sang qui apporte l'oxygène aux tissus et lorsque le tissu manque d'oxygène, le cœur s'accélère. Bien respirer, c'est ménager le cœur. Doublement, car le diaphragme est le moteur de la circulation retour des membres inférieurs. En outre il masse les organes digestifs et influe favorablement sur la digestion. Enfin, le système nerveux, grand consommateur d'oxygène, est bénéficiaire de cette respiration accrue.

L'oxygène, par le sang, arrive au placenta. De là il passe dans les globules rouges du bébé. Celui-ci fait une consommation considérable d'oxygène. C'est donc la mère qui respire pour son bébé et il est extrêmement important qu'elle respire amplement: pour 4! Qu'elle prenne le temps de respirer.

Entrainement respiratoire

Voici des exercices corporels recommandés.

Debout, assis ou allongé, on s'efforce de prendre conscience de la sensation respiratoire. On tente de suivre le mouvement du diaphragme et celui du thorax dans l'inspiration et l'expiration.

Fig.09- Le mouvement respiratoire du thorax et du diaphragme
diaphragme diaphragme diaphragme diaphragme
Vue de face Vue de profil
1- colonne vertébrale; 2- côtes (représentées sectionnées); 3- les fibres musculaires du diaphragme s'attachent aux côtes et aux vertèbres.
En rouge: expiration. En bleu: à l'inspiration, le diaphragme s'abaisse, les côtes s'écartent.

Le diaphragme est un muscle formant une coupole qui sépare le thorax de l'abdomen. Lorsqu'on inspire, le diaphragme se contracte, s'abaisse, et écarte les côtes. Les abdominaux sont relâchés. Ils se contractent dans l'expiration volontaire (8).

exercice de respiration S'entrainer à contrôler à volonté le jeu des muscles et des côtes. Lorsqu'on inspire en gonflant le ventre, c'est le diaphragme qui joue le plus (respiration abdominale ou diaphragmatique). Si l'on gonfle le thorax sans bouger le ventre, il s'agit de la respiration thoracique.

Voici un autre exercice qui permet de travailler sur le diaphragme et les abdominaux: se placer à 40 cm de la flamme d'une bougie et souffler de sorte qu'elle s'incline à 45 degrés. Souffler le plus longtemps possible et sentir ce qui se passe. Au début il peut y avoir malaise par manque d'oxygène, faute d'entrainement. S'arrêter et respirer.

La respiration limitée et accélérée

Fig.10- La respiration limitée et accélérée

respiration limitée

Au cours de la phase de dilatation, il arrive un moment où l'appui du diaphragme sur l'utérus est inopportun et provoque des sensations désagréables. En utilisant au maximum le jeu des côtes (respiration thoracique), on limite la descente du diaphragme qui reste isolé de l'utérus. Cette diminution de l'amplitude respiratoire peut être compensée au besoin par son accélération, au cours de l'effort (respiration limitée et accélérée - fig.10).

La mère a besoin de toutes ses ressources dans l'enfantement. Tandis que la respiration haletante ne renouvelle que l'air contenu dans les bronches, la respiration limitée et accélérée assure une bonne ventilation pulmonaire.

Comment sentir le mouvement correct? Où limiter la respiration? C'est par la répétition quotidienne de cette respiration que chacune, avec l'aide du père (ou d'une amie), sentira peu à peu l'utérus, les abdominaux et le diaphragme. S'entrainer par le nez et par la bouche. En principe, il vaut mieux respirer par le nez qui filtre l'air, le réchauffe et l'humidifie. Mais si vous étiez enrhumée le jour de l'accouchement, madame, ne soyez pas prise au dépourvu.

La prise de conscience de ces divers modes respiratoires va permettre de les utiliser à bon escient et de choisir la respiration la mieux adaptée à la situation.

Apprendre à sentir son corps

Les exercices précédents sont centrés sur la prise de conscience de la sensation. C'est qu'en effet cette prise de conscience est capitale dans le déroulement de la grossesse, de l'accouchement et de l'après-naissance. C'est en fonction de ce qu'elle perçoit que la mère peut conduire efficacement son accouchement. La grossesse est pour elle un moment unique, privilégié, pour investir son corps. Il se passe tellement de choses nouvelles en elle que son attention s'y porte volontiers, d'autant plus que ses motivations sont plus fortes.

Le périnée

Dès le début de la grossesse, il est demandé à la mère de s'entrainer à la contraction-décontraction du périnée et aux bascules du bassin. Sentir son périnée, c'est être mieux capable de contrôler sa contraction et sa décontraction. On peut se rendre compte de la sensation de contraction lorsqu'on s'efforce de retenir une envie pressante d'uriner. Chaque jour, on s'entrainera à contracter et décontracter dans toutes les positions.

La décontraction est nécessaire au cours de l'enfantement, car ce muscle ne doit pas faire obstacle au passage de la tête (Fig.01b). C'est là un exercice difficile car l'éducation de la propreté souvent trop autoritaire, ainsi que les tabous sexuels, portent à cacher et à contracter cette région. Des couples ont rapporté que cet apprentissage avait eu une incidence favorable sur leurs rapports sexuels. La prise de conscience du périnée par la sensation interne de ses contractions et décontractions est en outre pour la mère un moyen essentiel d'analyser et de suivre elle-même la progression de son enfant lors de la phase d'enfantement.

L'articulation du bassin

On a déjà vu l'importance des bascules du bassin pour développer le jeu articulaire des sacro-iliaques. On a eu l'occasion d'en connaitre les effets remarquables sur la circulation, sur la prévention des lombalgies (mal de reins) et sur l'état des voies urinaires. 100 à 200 mouvements par jour ? en plusieurs séquences ? semblent nécessaires.

Ici aussi, on demandera à la mère de se centrer sur la sensation. Sent-elle à l'intérieur de son corps ce basculement vers l'arrière, puis vers l'avant? Si oui, elle aura le privilège de reconnaitre ce mouvement lorsqu'il se produira au cours de la progression du bébé dans l'enfantement. Aussi les exercices seront décomposés en 2 fois 50 mouvements le matin et le soir pour sentir, plus de nombreuses séquences de 3 ou 4 au cours de la journée plus automatiques.

Sentir les muscles des membres

Le Dr Faillières demande d'effectuer des rotations de la cheville: faire tourner le pied de telle sorte que les orteils décrivent un cercle. Dans quel but? Dans celui de sentir et d'analyser ce qui se passe. Dans quelle région du corps en ressentez-vous les effets? Quels éléments entrent en jeu? C'est la pratique qui vous fournira la réponse. Essayez souvent, il est possible que vous sentiez des choses nouvelles d'une fois à l'autre.

D'autres exercices visent à connaitre et à contrôler la contraction et la décontraction des principaux groupes musculaires liés aux articulations.

Par exemple, avec la cheville, s'exercer à plier lentement le pied vers le haut et vers le bas. Cet exercice est plus efficace si ce mouvement rencontre une résistance, qui peut être exercée par la main du compagnon. Faire de même avec le genou, la main, le coude. Puis en écartant ou serrant les genoux.

On distingue décontraction, qui concerne le groupe musculaire, et relaxation pour laquelle on relâche le groupe musculaire et l'esprit. Pour saisir la différence de sensation entre les deux, on prend d'abord conscience de la contraction qui existe dans l'un quelconque des exercices précédents. On la localise et on la suit mentalement dans le mouvement. Puis, en annulant cette contraction, on reste conscient de cette nouvelle sensation musculaire. C'est la décontraction volontaire et consciente, dans laquelle l'esprit reste en éveil et vigilant. La relaxation en diffère par le fait qu'on laisse sombrer l'esprit dans un état intermédiaire entre la veille et le sommeil.

Dans la contraction, le muscle se fatigue et brule de l'oxygène. La décontraction permet d'éviter une fatigue inutile, de consommer trop d'oxygène (autant de plus pour le bébé) et de récupérer les dettes d'oxygène et de fatigue prises éventuellement dans l'effort précédent. En particulier la mère se servira de cette décontraction après la contraction utérine de l'accouchement.

Se déconditionner des synergies musculaires

La mère s'entraine ensuite à décontracter certains muscles à volonté tout en décontractant d'autres groupes de muscles. Par exemple, je contracte le bras gauche et la jambe gauche et je décontracte bras droit et jambe droite. Ou bien de façon croisée. Cet exercice est difficile du fait que ces muscles ont l'habitude de se contracter simultanément pour réaliser une action où ils sont associés (ce que l'on appelle une synergie musculaire), et qu'on a du mal à les faire jouer séparément.

Une synergie fréquente associe les muscles abdominaux, le périnée et les muscles de la face interne de la cuisse (adducteurs). Dans la position d'enfantement, la mère est allongée et relève la tête et les épaules. Abdominaux et diaphragme sont seuls contractés pour donner un appui, à l'utérus en contraction, tandis que les autres muscles (périnée, adducteurs, muscles du visage) sont relâchés. Le père soutient les épaules et la tête de la mère afin qu'elles soient également relâchées. Il est recommandé de s'entrainer à réaliser ces états à volonté.

Celui ou celle qui est capable de contrôler ses muscles n'utilise dans l'action (en particulier dans l'accouchement) que les muscles strictement indispensables à celle-ci. Les autres sont relâchés, avec les mêmes avantages que la décontraction générale.

Les sensations de l'utérus

Les mouvements du corps résultent de l'action conjuguée de muscles commandés par le système nerveux. Notre organisme comporte deux types de muscles. Les muscles striés, commandés par le système nerveux central, obéissent à la volonté et interviennent dans le mouvement et tout ce qui concerne la vie de relation (exemple: le biceps). Ils perçoivent des sensations. Les muscles lisses, commandés par le système nerveux neuro-végétatif (orthosympathique et parasympathique) assurent la vie végétative et fonctionnent automatiquement (par exemple l'estomac). Ils ne perçoivent que des sensations pathologiques.

L'utérus est un muscle lisse. Il n'est donc pas concerné par le travail volontaire des exercices précédents. Or chose extraordinaire pour un muscle lisse, il fournit des sensations au cours de la grossesse au moment des contractions. Il a des contractions pendant l'accouchement mais également tout au long de la vie. Seulement elles ne sont pas perceptibles. Elles ne le deviennent qu'au quatrième mois de la grossesse. Mesdames, avez-vous ressenti ces contractions? Certaines d'entre vous les prenaient peut-être pour les mouvements du bébé, mais c'était trop tôt pour cela. Afin de mener l'accouchement dans les meilleurs conditions, il est indispensable de connaitre parfaitement les sensations de l'utérus. D'abord prendre conscience de la contraction utérine.

Allongez-vous et tâtez l'abdomen. Appuyez bien avec vos mains. En dehors de la contraction, vous sentez un côté souple et un côté plus ferme qui correspond au dos du bébé. Lorsque survient la contraction, cela devient ferme partout. Vous pouvez percevoir un léger besoin d'uriner. Le pouls s'accélère. Vous pouvez ressentir des bouffées de chaleur. L'avez-vous constaté? La contraction démarre au bas du ventre, monte sur les côtés; le ventre s'arrondit. Puis elle s'évanouit en sens inverse.

Ces contractions sont très variables: fréquentes ou non, peu ou très toniques, longues ou courtes. Lorsqu'on est familier avec cette sensation, on peut alors en distinguer les mouvements du bébé. On peut même affiner toujours plus loin l'analyse jusqu'à reconnaitre les mouvements des pieds, des mains, de la tête. Cette recherche constitue un jeu à quatre mains où le père participe et fait lui aussi connaissance avec son enfant. Autrement dit, insensiblement, le bébé devient présent pour les époux qui deviennent déjà des parents.

Il est ensuite possible de s'entrainer à la reconnaissance du diaphragme. Il suffit de se plier en deux pour le sentir venir au contact de l'utérus. C'est ainsi que la mère maitrise la respiration limitée. Au fur et à mesure du développement de l'oeuf et de l'utérus, la mère sent que le diaphragme peut s'abaisser de moins en moins.

Dans la phase d'enfantement, au cours de la contraction utérine, le diaphragme est utilisé comme appui de l'utérus en collaboration avec les abdominaux. Pour cela, la mère inspire et abaisse son diaphragme sur l'utérus, mais sans exercer d'effort de poussée. Elle bloque sa respiration (ce qui nécessite un entrainement), soulève la tête et les épaules avec l'aide du père, ce qui a pour effet de contracter les abdominaux.

Une contraction ayant une durée de 1 à 2 mn, il est raisonnable de demander de s'entrainer à retenir la respiration pendant 2 à 3 mn au cours de la grossesse.

S'entrainer pour choisir l'attitude juste

Lorsque nous sommes face à une situation nouvelle telle qu'un accouchement, comment trouver le comportement le plus juste possible? Notre comportement n'est souvent pas adéquat car il est fortement brouillé par notre éducation, en particulier par des éléments qui troublent notre conscience et nous empêchent d'avoir une perception lucide de la situation. Sauriez-vous en citer? Ce sont des émotions et des croyances qui se sont inscrites dans notre inconscient et fonctionnent de façon automatique comme des programmes (voir article L'enfant intérieur). Quelle est votre définition de l'éducation?

Nos expériences, nos mouvements, notre nourriture, nos relations avec nos parents, avec les autres, avec la nature, nos initiatives, etc. ont forgé notre éducation. Les évènements des premières années surtout sont déterminants pour le comportement futur. Déjà au sein du ventre maternel, l'enfant fait l'expérience d'une certaine éducation. Les parents se sentent-ils responsables de cette éducation?

Nous réagissons bien moins en fonction de ce que nous savons consciemment que de ce que nous sommes inconsciemment, résultat d'éléments innés et d'éléments acquis. L'inné résulte des inscriptions génétiques de l'espèce et de ses lignées parentales. Par exemple, dès la naissance, le nouveau-né a les réflexes archaïques d'agripper, de marcher, de téter. L'acquis, le vécu depuis la conception, est ce que nous avons vécu en tant que personne à la fois physique et mentale, au contact d'un environnement physique, matériel et psychoculturel, en constante mouvance, auquel nous avons dû nous adapter avec plus ou moins de facilité pour vivre (9).

Le réflexe conditionné ou l'éducation à l'illusion

Les éléments acquis inconscients fonctionnent comme des réflexes conditionnés. Dans certaines circonstances, ils sont activés par des signaux qui nous touchent. Dans la célèbre expérience du chien étudiée par Pavlov, on présente de la viande à un chien qui réagit en salivant. Réponse tout à fait normale et adaptée: grâce à la salive le chien se prépare à une bonne digestion. Dans un deuxième temps, chaque fois que l'on présente la viande, une sonnette retentit. Peu à peu, le chien associe viande et sonnette et prend l'habitude de saliver dès que retentit la sonnette. Un jour la sonnette retentit, mais la viande ne vient pas. Or la salive coule. La sonnette est devenue un signal conditionnel. Cependant à quoi sert cette salive? A rien puisque la viande n'est pas là. Le comportement de l'organisme du chien n'est plus adapté à la réalité. Il n'est qu'un réflexe conditionné par la répétition de la même situation. Toutefois, si la viande ne revient plus du tout, le réflexe se perd. Mais il suffit de présenter de la viande de temps en temps pour l'entretenir. Serait-ce dû à l'espoir de voir arriver de la viande? On voit comment intervient le facteur psychologique. Il apparait de façon plus nette dans le fait (et on l'omet souvent) que le signal neutre (la sonnette) ne devient signifiant que si le chien a faim, autrement dit que s'il est motivé. Il faut en outre que l'évènement soit répété souvent.

Il en est des humains comme des chiens. Ce qu'ils prennent pour une réalité n'est souvent qu'un signal conditionnel (ce qu'on appelle aussi croyance ou idée reçue, consciente ou non). Pour illustrer les illusions que nous nous construisons, le Dr Faillières nous présente des taches de couleur. Qu'est-ce que c'est? demande-t-il. Chacun y voit des choses différentes en fonction de son état éducatif: un drapeau bleu - blanc - rouge, un feu tricolore, etc... Est-ce la réalité? Non. Ce ne sont que des taches de couleur. Le reste, c'est notre imagination nourrie par notre culture. Les taches sont des signes, et même si elles constituent un signal approximatif, elles évoquent des faits imaginaires. Ainsi, on a reconnu un drapeau bleu - blanc - rouge, alors que les taches étaient bleue, blanche et orange.

Le réflexe conditionné est cependant indispensable à la vie: lorsque je mange ma soupe, je porte automatiquement ma cuillère à ma bouche sans avoir à analyser mes gestes. C'est lorsque j'étais bébé que, par l'apprentissage, j'ai peu à peu acquis le geste sûr. Le mécanisme de l'apprentissage repose sur les réflexes conditionnés qui représentent une aide indispensable à la vie quotidienne. Une fourmi rencontre un mille-patte et s'étonne que l'on puisse marcher avec tant de pattes. Comment fais-tu pour que tes pattes ne se cognent pas les unes dans les autres? Dans quel ordre les avances-tu? Remues-tu les deux côtés simultanément ou avec un décalage? Le mille-patte qui jusque là avait marché avec aisance sans se soucier de la façon dont il procédait, se mit à se poser des questions, à analyser ses mouvements, à se demander quelle patte il devait bouger, tant et si bien qu'il lui fut impossible de marcher. Cette histoire prouve que les réflexes conditionnés sont utiles.

Les synergies des muscles fonctionnent comme des réflexes conditionnés. Elles sont parfois favorables, parfois défavorables comme la synergie abdominaux - périnée vue plus haut, et il est recommandé de s'en libérer. Mais de même que le chien de Pavlov doit avoir faim, de même il faut que les mères soient motivées pour s'exercer régulièrement aux bascules du bassin, à la respiration, à la décontraction.

Les signaux qui inquiètent

Les images, les sons, les bruits, les mimiques, les attitudes, les paroles que nous percevons sont autant de signaux qui nous affectent. Aux mots, nous faisons souvent dire plus que ce qu'ils signifient réellement. Il s'ensuit alors une incompréhension et un comportement inadapté. Qu'évoquent les mots accouchement, douleurs, grossesse? Quels fantasmes véhiculent-ils, associés à eux par conditionnement? A quoi font penser les instruments chirurgicaux dans la salle d'accouchement? Les paroles et les comportements du personnel médical ont une grande importance pour la conduite de l'accouchement. Il est donc important d'aménager un environnement favorable (objets, mais aussi personnel médical) et d'améliorer l'éducation des parents en les aidant à découvrir leurs conditionnements négatifs.

Une femme préparée vit son accouchement de façon lucide et responsable, car elle est en mesure de répondre aux signaux de son corps par une attitude adéquate. Par quel moyen atteindre cet état? Apprendre à détecter le signal réel, signifiant.

L'accouchement est-il douloureux?

La réponse à cette question ne va pas de soi. Oui, j'ai souffert répondent la majorité des femmes et elles décrivent leur calvaire.

Historique

Oui, dit la Bible, tu enfanteras dans la douleur. Et cette affirmation d'origine divine est de nature à persuader celles qui ne souffriraient pas spontanément. C'était du moins le cas il y a quelques dizaines d'années encore, mais un tel conditionnement ne s'efface pas rapidement. Il paraissait sacrilège de passer outre à la condition humaine en cherchant à supprimer les douleurs et il a fallu une mise au point de Pie XII lui-même pour que les catholiques acceptent l'accouchement sans douleur. On sait maintenant que la parole biblique résulte d'une mauvaise traduction. Il est écrit en réalité: Tu enfanteras dans le travail (dans l'effort).

Comment échapper à la douleur? Diverses techniques d'indolorisation ont été proposées. La Reine Victoria a lancé et rendu célèbre l'accouchement avec anesthésie. Chef de l'église anglicane, elle avait autorité pour passer outre à l'ordre divin. Les anesthésiques suppriment les sensations corporelles. Avec eux commencent la médicalisation de l'accouchement et le passage du pouvoir de la femme aux médecins.

L'hypnose est un procédé d'abaissement du niveau de conscience. Par une série de stimulations tactiles, visuelles et des suggestions verbales, l'hypnotiseur amène le patient dans un état intermédiaire entre la veille et le sommeil. L'indolorisation est obtenue soit spontanément, soit à la suite de suggestions précises. Surtout employée à la fin du 19e et au début du 20e siècle, l'hypnose a subi plusieurs variantes: hypnose pendant l'accouchement seulement, hypnose avec suggestion pendant la préparation seulement, ou les deux à la fois. Ces méthodes ont démontré la réalité de l'indolorisation (10).

En 1933, l'anglais Grantley Read fait paraitre un livre intitulé l'accouchement naturel où il expose les résultats de sa méthode découverte empiriquement. Il constate qu'informer la femme sur l'accouchement, lui apprendre à se relaxer, et avoir de bons rapports avec elle, diminue la douleur. Il explique que la contraction utérine est normalement indolore car il n'y a pas de fonction physiologique dans le corps humain qui soit cause de douleur, tant que le corps est en bonne santé. La douleur existe parce que la civilisation et la culture ont influencé l'esprit des femmes et ont introduit la peur de l'accouchement. Cette crainte donne naissance à une tension musculaire et à la douleur. La méthode de préparation est connue sous le nom d'accouchement sans crainte (11).

En 1949, le russe Velvoski expose sa méthode de préparation psychoprophylactique à l'accouchement. Elle est issue des acquisitions des méthodes hypnosuggestives et des travaux de Pavlov. En 1951, le docteur Lamaze (France) se rend en Russie pour l'étudier et est frappé par la façon dont les femmes accouchent avec le sourire. Désormais il se consacre au développement de la méthode qu'il adapte aux Françaises. Pour lui, la sensation douloureuse augmente dans certaines circonstances, par exemple la peur et l'angoisse dues à l'inconnu, à l'environnement, à la culture. Elle diminue au cours d'une activité mentale importante qui réalise un freinage que Pavlov explique de la manière suivante:

Lorsque nous sommes très attentifs, très concentrés sur une activité (une lecture par exemple), nous ne sommes pas réceptifs à ce qui se passe ailleurs. Nous ne prêtons pas attention à ce qui nous est dit. Des tas de sensations ne sont pas perçues, bien que nos sens fonctionnent et que notre corps les enregistre. Voici un autre exemple: un enfant se blesse en jouant, mais dans le feu de l'action, il n'y prend pas garde et ne ressent pas de douleur. Ce n'est qu'à la fin du jeu, en découvrant visuellement sa blessure, qu'il se met à pleurer. Ou bien parce qu'un adulte intervient pour le rassurer en lui demandant s'il s'est fait mal. Cette mise à l'écart des sensations lorsque le cerveau est occupé est ce que l'on appelle le freinage. Si l'on détourne l'attention de la femme qui accouche par une activité qui l'intéresse, elle ne ressent pas ou sent moins la douleur.

La méthode de préparation, connue en France sous le nom de PPO (Psycho-Prophylaxie Obstétricale) consiste à supprimer l'angoisse par des apports de connaissances concrètes, claires, facilement utilisables, et à réaliser un freinage en centrant l'attention de la femme sur les exercices respiratoires et le relâchement musculaire. La femme y retrouve un rôle actif. Cette méthode s'est bien développée en France mais tend à se perdre: elle va à l'encontre de la toute puissance médicale, et des critères de rentabilité des hôpitaux. PPO et accouchement sans crainte sont assez proches. Velvoski a donné une base plus scientifique à la pratique empirique de Read.

Le Dr Faillières, d'abord formé à l'école de la PPO, s'est heurté à certains écueils de cette méthode. Par son sens aigu de l'humain, de la liberté, de la responsabilité, il s'est attaché à les dépasser et a élaboré une nouvelle méthodologie. Le problème essentiel est que le freinage réalise un abaissement de la conscience, donc une aliénation, un conditionnement. La femme, au lieu de vivre ses sensations, s'en détourne. Le Dr Faillières a voulu lui permettre de vivre pleinement la naissance afin qu'elle soit le plus responsable possible. En outre, un fait expérimental simple et fréquent semble limiter considérablement la valeur de la méthode d'accouchement sans douleur: pourquoi, s'est demandé le Dr Faillières, le freinage n'est-il pas efficace dans les lombalgies de l'accouchement (douleurs dans les reins)? La résolution de cette question nécessite une exploration plus approfondie de l'origine de la douleur.

Les causes de la douleur

Selon vous, quels phénomènes le mot désigne-t-il? Voici ce que les participants ont répondu: c'est une sensation désagréable, une souffrance indescriptible, un signal d'alarme. Réponses intéressantes, mais qui ne nous renseignent que faiblement. Rares sont ceux qui ont réfléchi à la signification de la douleur, à son rôle. Le Dr Faillières distingue la souffrance et la douleur. Lorsque dans une machine, une pièce mécanique est soumise à des frottements ou à des chaleurs intenses, on dit qu'elle souffre. Mais elle n'en ressent pas de douleur pour autant parce qu'elle n'est pas douée de capteurs sensibles (organes des sens) ni surtout de conscience.

Pour mieux comprendre ce que sont la souffrance et la douleur, imaginez que l'on approche de la peau de votre main une cigarette allumée, très lentement. A une distance suffisante, vous ressentez de la chaleur, c'est agréable. Lorsque la cigarette approche, le degré de chaleur augmente jusqu'à ce que vos cellules ne puissent plus le supporter: elles sont brulées. C'est la souffrance de votre organisme. Que s'est-il passé? Dans un premier temps, les cellules supportent la chaleur parce qu'elle se situe en-dessous du seuil d'adaptation. Elles s'adaptent à leur environnement, en particulier par une modification de la circulation sanguine. La lésion, donc la souffrance, survient quand le seuil est dépassé et que l'organisme est dans l'impossibilité de s'adapter. Ce n'est pas seulement la région lésée qui souffre: lorsqu'un déséquilibre s'installe localement, l'organisme entier en est affecté et cherche à retrouver son intégrité; il réagit par des modifications du rythme cardiaque, du rythme respiratoire, de la tension artérielle, par des phénomènes hormonaux, vasomoteurs (contraction ou dilatation des petits vaisseaux sanguins). Voilà donc un exemple de souffrance créée par une agression physique.

Qu'en est-il de la douleur? La souffrance crée des sensations locales. Une sensation est un signal qui parvient à des capteurs de signal (organe des sens). Ce sont la vue, l'odorat, l'ouïe, le toucher, le gout, qui transmettent les sensations visuelles, olfactives, auditives, tactiles, gustatives. Quel organe nous transmet la sensation de mal à l'estomac, de crampe? Ce sont des capteurs internes et ils constituent notre sixième sens, le sens cénesthésique. Les sensations, nées dans ces organes, sont conduites au cerveau par des nerfs sensitifs. Il se peut que nous ne soyons pas conscients des sensations, soit parce que les nerfs sensitifs sont lésés ou bloqués par des médicaments (anesthésiques) et empêchent la sensation de parvenir au cerveau, soit à cause du processus de freinage. Nous ne ressentons alors pas de douleur, comme l'enfant blessé qui ne ressent sa douleur qu'à la fin de ses jeux.

Si par contre la sensation parvient à notre conscience, nous allons réagir selon ce qu'elle évoque pour nous, ce à quoi nous l'associons. La douleur est l'interprétation cérébrale et l'expression de la souffrance. Chacun l'exprimera à sa façon, en fonction de sa personnalité, de son état éducatif, du moment, de la situation, de l'environnement. Le même phénomène physique peut être ressenti très différemment en fonction de ces facteurs. La réaction peut être la sidération, la fuite, l'agressivité ou une réponse mesurée.

Dans l'exemple de la cigarette, la souffrance et la douleur sont créées par une agression. D'autres causes sont possibles. La surprise: si l'on nous fait peur en nous surprenant, notre organisme manifeste une réaction de souffrance (coeur qui bat). Or, manifestement il ne courait aucun danger. C'est la peur qui est responsable, ainsi que la surprise, l'inconnu, l'inhabituel, la soudaineté. L'angoisse se distingue de la peur parce qu'elle est sans objet. Nous devons subir une piqure: nous avons peur car c'est une agression réelle. Maintenant quelqu'un s'approche de nous avec une seringue. Même si cette seringue n'est pas destinée à nous piquer, nous sommes angoissés à l'idée que cela pourrait être le cas. La vue d'une seringue peut suffire à provoquer angoisse, souffrance et douleur. Cette douleur ne provient pas d'une lésion, mais de notre vécu antérieur, fonction de chacun. Un mot peut suffire à évoquer une telle situation, de même qu'une image, un tableau, des sons, des odeurs, des instruments. L'angoisse, la peur, modifient nos réactions.

Contractions utérines et douleurs de l'accouchement

Pour le Dr Faillières comme pour Read et Velvoski, la contraction utérine n'est pas physiologiquement dolorigène. Sans préparation spéciale, certaines femmes accouchent spontanément sans douleurs. Velvoski en estime le pourcentage entre 7 et 14%. Pourquoi la contraction engendre-t-elle la douleur dans les autres cas? L'accouchement répond-il à une agression? Y a-t-il des exemples de phénomènes douloureux non agressifs? Pas à notre connaissance. La douleur est l'expression d'une souffrance et témoigne d'une inadaptation. Mais qu'est-ce qui crée cette inadaptation?

C'est le caractère d'inconnu et de surprise. Il n?est pas possible de prévoir quand commencera le travail d'enfantement, car il débute à l'improviste. La femme perçoit des sensations nouvelles, inconnues d'elle, au niveau de son utérus. Si elle n'est pas préparée, cela constitue une surprise, un inconnu. Elle l'associe alors aux douleurs de l'accouchement qu'on lui a décrites et ce seul mot suffit à transformer les contractions en douleurs. Il y a là un réflexe conditionné bien ancré qui a ses racines dans le conscient et dans l'inconscient de toute une lignée de femmes. Cela se répercute sur les réactions biologiques de l'organisme. Ce mécanisme est comparable à un phénomène souvent vécu dans notre existence courante: lorsque nous sommes dans un climat d'inquiétude (par exemple, nous attendons quelqu'un qui est très en retard), qui peut se transformer en angoisse lorsque ça se prolonge, alors n'importe quel bruit nous fait bondir et notre organisme s'en ressent. Si la pensée du mot douleurs appelle un climat d'angoisse, cela se traduit dans la biologie par des décharges d'adrénaline et de noradrénaline. Des perturbations surviennent dans la circulation, les muscles, la respiration. C'est alors que les contractions utérines deviennent douloureuses.

Si cela se produit, détendez-vous et respirez profondément afin de régulariser la circulation. Vous retrouvez la sérénité et la lucidité. La femme préparée interprète les nouvelles sensations comme le signal de la venue au monde de son bébé et se comporte en conséquence. Au cours de l'accouchement, d'autres sensations inconnues, inhabituelles sont perçues. Comme c'est mystérieux! Que se passe-t-il? Est-ce normal? Que d'angoisse pour la femme non préparée.

Prévenir les lombalgies par l'entrainement musculaire

Voilà la tête de l'enfant qui progresse et arrive au contact des ligaments du bassin. Ceux-ci se mettent à bouger, le bassin bascule afin que le bébé continue sa progression. C'est à ce moment que de nombreuses femmes ressentent des douleurs dans les reins (lombalgies) car il se produit une contracture des muscles. Lorsque nous forçons un muscle sans l'avoir échauffé ou entrainé, des déchirures musculaires ou des crampes peuvent se produire. Le seuil d'adaptation du muscle a été dépassé. L'entrainement permet d'augmenter son adaptabilité.

Les lombalgies sont dues à une réelle contracture, signe d'une inadaptation des ligaments et des muscles du bassin. La douleur provient d'une infrastructure physiologique, contrairement à la contraction utérine qui n'est pas dolorigène. On comprend maintenant que le freinage soit inefficace pour les lombalgies. Les exercices du bassin permettent une augmentation de l'amplitude du jeu musculaire. Parce qu'elle s'est centrée sur les sensations produites au cours de ces exercices, la femme percevra et identifiera facilement celles de l'accouchement qui sont proches. Elle évite ainsi la surprise et la souffrance.

Prévention des déchirures du périnée

La tête du bébé arrive sur le périnée. Encore une sensation nouvelle et inhabituelle qui peut induire un réflexe de défense. Bien souvent la femme contracte ce muscle, empêche la progression rapide et augmente les risques de déchirure. On a vu plus haut que décontracter et contracter le périnée est un exercice qui permet à la femme à la fois d'obtenir la décontraction et de prendre connaissance des sensations issues de cette région.

Comment atténuer et supprimer la douleur

Les lectrices possèdent maintenant les éléments leur permettant de trouver comment éviter les douleurs. La méthodologie du Dr Faillières consiste

  1. à délivrer des connaissances sur le corps et l'accouchement: elles effacent l'angoisse qui est sans objet réel.
  2. à faire des apprentissages qui réduisent la surprise, augmentent l'attention aux sensations et leur analyse.
  3. à faire des entrainements musculaires de contraction - décontraction qui augmentent l'adaptabilité de l'organisme.

Grâce aux exercices corporels effectués assidument au cours de la grossesse (analyse des sensations, respiration, décontraction, bascules du bassin) la femme connait son corps, reconnait et identifie les sensations et peut s'adapter à la situation nouvelle. Ici apparait nettement la différence entre les conceptions du Dr Faillières et celles d'autres méthodes de préparation. La plupart d'entre elles cherchent à camoufler la douleur par des procédés physiques (anesthésie) ou psychologiques (hypnose, freinage). Il en résulte que l'on scotomise les sensations, donc toute une partie importante du vécu de l'accouchement et que l'on abaisse l'intensité de présence de la mère. Avec le Dr Faillières, bien au contraire, on cherche à l'élever afin que la mère, accompagnée du père, conduise son accouchement de la façon la plus lucide et la plus responsable possible.

Est-ce à dire qu'il faut absolument condamner le freinage? Non. Il existe forcément. Il s'en produit toujours quand la mère se centre sur une sensation, sur sa décontraction ou sa respiration. De plus, ce freinage est utile! Car il est bien difficile d'éviter complètement les influences nocives venant soit de l'environnement (objets, odeurs, paroles du personnel, du mari ou de la grand-mère, etc.) soit du vécu personnel (angoisse inconsciente). L'élément important est d'être capable de choisir librement et consciemment de l'utiliser.

Le temps de l'accouchement

Le temps a fait son œuvre. Lentement, peu à peu, l'organisme de l'enfant s'est construit, s'est préparé à sa vie autonome. C'est le moment pour lui de passer à un autre mode d'existence. Les parents, eux aussi, se sont préparés. La mère, surtout, a acquis une bonne connaissance de son corps. Elle sent bien ses contractions utérines, contrôle sa respiration et ses muscles volontaires. Grâce au dialogue qui a pu s'établir avec l'équipe médicale, avec les autres couples, à l'intérieur du couple et peut-être ailleurs, les parents ont mieux conscience de leurs responsabilités et sont plus aptes à les assumer. Ils connaissent le déroulement physiologique de l'accouchement, scénario programmé par la nature, identique pour toutes les femmes. Il n'en est évidemment pas de même de la part subjective de l'accouchement, qui diffère pour chaque couple.

La présentation et la formation du segment inférieur de l'utérus

Fig.11- Formation du segment inférieur

segment inférieur

1- Paroi de l'utérus; 2- bouchon muqueux; 3- fibre longitudinale; 4- silhouette du col avant la modification

Fig.12- Structure fibreuse de l'utérus

fibres de l'utérus
En bleu, fibres circulaires; en vert, fibres obliques; en rouge, fibres longitudinales
fibres de l'utérus

Fig.13- L'engagement et la rotation de la tête du bébé dans le bassin

Position antérieure gauche
1. Nuque

13a- La position la plus fréquente de la tête nuque à droite. Une rotation de 1/8e de tour amène la nuque en position de sortie. En pointillé, l'autre diamètre possible, très rare.

Droite transverse

13b- Position nuque en arrière à droite. 3/8e de tour sont nécessaires pour se présenter à la sortie.

La présentation est la position dans laquelle le bébé aborde son passage dans les conduits génitaux. Bien avant le début du travail, cette position est déterminée. Dans 95% des cas, on a affaire à une présentation du sommet, c'est-à-dire que c'est la tête qui se place sur le col utérin. C'est ce cas que nous décrirons. On peut également avoir une position de siège: ce sont les fesses qui viennent en premier. Siège complet si le bébé est assis en tailleur. Siège décomplété si ses jambes sont relevées devant son thorax. La présentation du siège entraine un dégagement du bébé un peu plus délicat, mais le déroulement est semblable.

A partir de 7 mois 1/2 pour un premier bébé, éventuellement plus tard, peut-être au dernier moment pour un autre bébé, commence la formation du segment inférieur de l'utérus. C'est le processus par lequel la région isthmique (entre le corps et le col) s'amincit et se moule sur la présentation (fig.11). Pour en comprendre le mécanisme, examinons la structure fibreuse de l'utérus (fig.12). Le corps et le col sont très différents. Le corps est constitué de fibres longitudinales, circulaires et obliques. Lorsque la contraction survient, la pression augmente à l'intérieur, mais le contenu, liquide incompressible, ne varie pas de volume et reste sur place tant que la région isthmique reste fermée. Celle-ci ne comporte pas de fibres obliques, de même que le col, et peut s'allonger progressivement au moment de la formation du segment inférieur. Alors, les contractions font progresser le contenu dans le col qui s'allonge et devient le segment inférieur. Bien qu'elle s'allonge, la région isthmique ne s'ouvre pas encore pour autant, mais cette disposition permettra aux contractions ultérieures d'exercer leur force pour ouvrir le col.

En descendant, la tête du bébé a tendance à s'engager dans le bassin. Pour une primipare (c'est-à-dire pour un premier bébé), il est souhaitable que l'engagement se fasse avant le début du travail, alors qu'il est plus tardif chez une multipare. La tête emprunte les diamètres du bassin les plus grands et s'y emboite avec précision. Deux voies sont possibles: le diamètre gauche (c'est-à-dire celui dont l'extrémité antérieure est à gauche) est utilisé dans 98% des cas, les autres utilisant le droit (fig.13). Dans l'exemple du diamètre gauche, la nuque peut être placée soit en avant, contre le pubis (position gauche antérieure) (c'est la position la plus fréquente) soit en arrière à droite (position droite postérieure). Au cours de la dilatation et de l'enfantement, la tête continue à descendre en se tournant, guidée par les conduits génitaux, et se présente en position directe, la nuque au pubis, prête pour le dégagement. La figure 13 montre que la rotation est de 1/8e de tour pour la position gauche antérieure, et de 3/8e pour la position droite postérieure.

La dilatation

La phase précédente se situe dans une période qui peut aller de quelques heures à quelques semaines avant l'accouchement. Le travail commence vraiment (signe qu'il faut se rendre à la maternité ou appeler la sage-femme par exemple) avec l'effacement du col et la dilatation. Alors les contractions changent. Leur rôle est maintenant d'ouvrir l'orifice de l'utérus pour que l'enfant puisse en sortir. De même qu'à l'époque des règles, le taux de progestérone diminue et les fibres circulaires du col acceptent l'élongation. Les fibres longitudinales se raccourcissent au cours de la contraction. Dans le col, comme elles sont disposées en épingle à cheveux (fig.11), leur raccourcissement provoque l'effacement, c'est-à-dire la disparition du relief cervical (du col). Les contractions qui continuent de tirer sur ces fibres longitudinales ouvrent ensuite l'orifice du col.

Comment reconnaitre le début de ce travail? Plusieurs phénomènes en constituent des révélateurs.

La perte du bouchon muqueux (fig.11): on constate l'écoulement d'un mucus gluant. Il provient du canal cervical et est libéré lors de l'effacement de celui-ci. Il est quelquefois mélangé d'un peu de sang, signe d'une trop grande fatigue. Il faut alors être vigilante, et si cela se produit trop longtemps avant le terme, rester allongée. Une cause fréquente de fatigue est l'aménagement de la maison dont l'envie s'empare de nombreuses mères dans les derniers mois de la grossesse. Oui, l'instinct nidatoire existe!

Le changement de nature des contractions utérines: nous venons de voir que leur fonction était différente. Cela se traduit par des sensations différentes. Lesquelles à votre avis? Des participants du groupe de préparation ont répondu: Parce qu'elles sont douloureuses. Le lecteur a-t-il la même opinion? S'il a adhéré aux explications du chapitre précédent, il répondra que les contractions utérines ne sont pas biologiquement dolorigènes. Elles sont plus fortes. Non! Les premières contractions ne sont pas très toniques. Plus longues. Non! Pendant la grossesse, leur durée est très variable et certaines sont très longues. Leur caractéristique essentielle réside dans leur régularité: régularité de leur tonicité, régularité de leur longueur et régularité de leur fréquence. Tandis que pendant la grossesse elles survenaient de façon aléatoire, elles se répètent maintenant, identiques tous les quarts d'heure puis toutes les 10 mn, toutes les 5 mn, etc.

La perte des eaux: une petite quantité de liquide amniotique se trouve confinée entre la tête du bébé et les membranes (fig.14). C'est la poche des eaux. Lorsque cette région se dilate, les membranes se rompent et le liquide amniotique se répand. Son abondance est très variable. Quelquefois on le confond avec l'urine, mais une observation plus attentive montre qu'il en diffère par la couleur et l'odeur. La perte des eaux est le signe que ça va arriver et la plupart des accoucheurs percent la poche afin d'accélérer le processus d'enfantement. Le Dr Faillières laisse à la nature le soin de choisir le moment favorable.

Fig.14- Effacement du col et dilatation

dilatation

A. État initial; B. Effacement du col; C. Col effacé

1. Tête du bébé; 2. Paroi utérine; 3. Col de l'utérus; 4. Vagin; 5. Poche des eaux
dilatation

D. Formation de la poche des eaux; E. Dilatation presque complète; F. Dilatation complète

Cependant il peut arriver des cas où la membrane est vraiment trop résistante et où il vaut mieux la percer. Est-ce préjudiciable et douloureux? Oui si la mère a peur. Elle voit l'instrument pointu qui entre en elle et imagine quelle va être la douleur. Or, ça ne peut pas faire mal car la membrane ne fait pas partie de la mère mais de l'œuf. Quant au bébé, il ne ressent rien. La membrane n'est pas reliée à lui par des nerfs, mais par le cordon ombilical qui ne comporte que trois vaisseaux sanguins. Si douleur il y a, elle est créée par la peur à la vue des instruments médicaux ou à l'écoute de certains termes employés par les opérateurs.

Ces critères de commencement du travail ne sont pas absolus. Il se peut que l'on ne voit pas passer le bouchon muqueux. Il arrive, rarement, que du liquide amniotique s'écoule sans que cela soit le début du travail. Il s'est infiltré entre amnios et chorion à la faveur d'une fissure qui s'est par la suite refermée. Le déclenchement des contractions n'est pas non plus un critère absolu. Il existe un faux travail qui se produit avant le terme et qui a des causes psychologiques. Par exemple, on est persuadé que cela va arriver, ou l'on est pressé d'en finir, etc. Il s'arrête spontanément. Il a l'inconvénient de fatiguer la mère inutilement (nuits blanches par exemple). Certaines peuvent être déçues de cette inefficacité et être tentées de demander le déclenchement artificiel du travail. Pour y remédier, se détendre. Et s'interroger sur les causes psychologiques possibles qui l'ont provoqué.

La dilatation se fait lentement, progressivement, sans brusquerie, mais avec des transitions ménagées. Le col s'entraine à être élastique en effectuant une sorte de gymnastique, une répétition de son ouverture. Lors de la contraction il s'ouvre, lorsqu'elle s'achève, il se referme. Trois pas en avant pendant la contraction, deux pas en arrière ensuite. Si bien qu'il y a un gain d'un pas. Les deux pas supplémentaires ont augmenté son élongabilité. Le résultat est que peu à peu, le diamètre de l'ouverture s'agrandit: 2 cm, 4 cm, 6 cm, 8 cm. Ensuite on arrive à presque complète (fig.14). C'est là que commence la phase intermédiaire.

Que fait la mère pendant ce temps? Elle se détend et peut vaquer à des activités douces. Pour certaines, l'attente dans l'inactivité peut être dure à supporter. Alors l'anxiété s'installe, source de crispations musculaires indésirables. Les contractions de l'utérus sont moins efficaces. Les évènements, les personnes environnantes, le psychisme de la mère influent sur le déroulement de la dilatation. Il faut donc rechercher un environnement agréable et la mère s'attache (mais sans tension) à décontracter consciemment et volontairement ses muscles. Pendant la contraction, elle adopte au besoin la respiration limitée et accélérée et est attentive à ses perceptions.

Combien de temps la dilatation dure-t-elle? On ne peut pas le dire, cela dépend des femmes, des circonstances. Autrefois il était courant que cela dure 12 h. voire 24 h. Avec la préparation il n'est pas rare de voir des dilatations de 2 h. Disons en moyenne 4 à 6h de vrai travail.

Récapitulons: comment la mère a-t-elle la révélation du travail? Comment peut-elle faire la distinction entre vrai et faux travail? La réponse s'exprime en termes de sensation. Des sensations nouvelles se produisent au niveau du col de l'utérus. Mais elles sont interprétées différemment selon le niveau de conscience et de lucidité. Il y a aussi souvent une intuition soudaine d'une certitude, comme si le bébé le signalait.

La phase intermédiaire

Cette phase est intermédiaire entre la dilatation et l'enfantement et n'existe pas chez toutes les femmes. Alors que la dilatation n'est pas complète, la mère ressent une envie de pousser dite réflexe d'enfantement prématuré. Elle est annoncée par le rythme respiratoire qui s'accélère. Il ne faut pas répondre à ce reflexe de poussée tant que la dilatation n'est pas complète. Le col n'est pas prêt.

Ce réflexe est accompagné d'une sensation très désagréable parce que le diaphragme se contracte au contact de l'utérus. Cette sensation inattendue et soudaine surprend et casse le rythme de l'accouchement. Elle panique souvent des femmes qui se croyaient bien préparées. La parade est simple: il suffit de remonter le diaphragme en soufflant à fond. La dilatation se poursuit et arrive à complète.

L'enfantement

Habituellement, on appelle cette phase l'expulsion! Comme s'il s'agissait d'un vulgaire objet! Ou d'une défécation! De fait, c'est bien une erreur commune de pousser comme pour aller à la selle. Or le mécanisme est totalement différent. Le chemin étant libre, le bébé peut progresser, grâce aux contractions. La mère, avec l'aide du père si possible, se comporte de telle façon que les contractions soient les plus efficaces possible. La position de la mère, avec le Dr Faillières, est la suivante: elle est allongée sur le dos. Ses jambes reposent sur des coussins placés sous les genoux. Le Dr Faillières a abandonné les classiques étriers de la salle d'accouchement. Les coussins, mobiles, permettent à la mère d'adopter la position qui lui plait. (Voir dans la dernière partie des réflexions sur la position)

Lorsque survient la contraction, elle inspire profondément, ce qui a pour effet d'abaisser le diaphragme sur l'utérus. Elle soulève la tête, ce qui entraine la contraction des abdominaux. Elle arrondit le dos. Diaphragme et abdominaux constituent deux parois qui contiennent l'utérus et sur lesquelles il prend appui. Contracter les abdominaux, c'est bien différent du classique Poussez, poussez, encore, encore. Je vous interdis de pousser, dit le Dr Faillières. Je vous demande de contracter les abdominaux et d'abaisser le diaphragme, une action mesurée, contrôlée, sentie. Le père aide sa compagne en soutenant ses épaules et sa tête. Le but est qu'elle soit le plus décontractée possible. Tandis qu'abdominaux et diaphragme sont en action, les autres muscles sont décontractés: périnée, visage, etc. Ah, ce n'est pas facile, il faut un entrainement sérieux. Mais nous avons été prévenus: la préparation n'ira pas sans travail, sans efforts, ni sans sensations.

Les contractions se suivent à un rythme régulier, personnel, séparées par des temps de repos. Il est important que chacune sente son propre rythme, dans la détente et l'attente tranquille à l'écoute de soi, et le respecte. Qu'elle profite au maximum du repos qui suit la contraction pour récupérer ses forces. Respirer, se décontracter.

En contraction, les muscles consomment de l'oxygène et du sucre et produisent de l'acide lactique dont l'augmentation du taux dans le sang détermine la sensation de fatigue. L'acide lactique est facilement évacué si à la contraction succède une récupération, mais il augmente et passe dans le sang du bébé si la mère se crispe, pousse trop fort et sans arrêt. Alors le bébé nait fatigué. Combien importe pour le confort de cet enfant que la mère soit détendue et calme, respire suffisamment et prenne son temps! A chaque contraction, le contenu utérin progresse. Il se retire lorsqu'elle cesse. Comme lors de la dilatation, il y a un gain à chaque fois: trois pas en avant, deux en arrière.

Où passe-t-il maintenant notre bébé? Dans le vagin dont, auparavant, les parois étaient au contact l'une de l'autre. Et le voilà qui contient la tête du bébé! Va-t-il se dilater comme un ballon à parois élastiques? Le lecteur sait déjà que la nature prépare l'organisme à son nouveau rôle. Le vagin est maintenant un muscle solide dont l'élasticité peut lui permettre d'atteindre le volume d'un chapeau haut de forme, dit-on traditionnellement.

A l'orifice du vagin, se trouve le périnée (fig.01c). Comment un bébé peut-il passer par un trou si petit? Nous allons, une fois de plus, constater l'énorme possibilité d'adaptation (adaptabilité) de l'organisme. Préparé à son nouveau rôle par les hormones, le périnée peut réaliser son élongation. A chaque contraction utérine, le bébé progresse, pousse sur le périnée qui se bombe chaque fois davantage et l'orifice s'agrandit. Il est extraordinaire de voir combien ce muscle peut se bomber. Mais il serait malvenu de le contracter à ce moment. Il est donc demandé à la mère de savoir le décontracter à volonté, même en contractant simultanément les abdominaux. C'est pourquoi cet entrainement est proposé à la mère le plus tôt possible.

Fig.15- L'enfantement

enfantement enfantement

A- Ampliation du périnée. Remarquez sa remarquable élongation. Au cours d'une contraction, apparaissent visiblement les cheveux du bébé.

B- La tête se dégage, nuque sous la symphyse.

1. Cuisse; 2. Utérus; 3. Pubis; 4. Sacrum; 5. Placenta; 6. Cordon ombilical
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C- La tête tourne, une épaule apparait.

La "délivrance": cordon ombilical coupé. Le placenta commence à se décoller.

Puis la contraction cesse et l'orifice se referme complètement. Le travail est-il inefficace? Mais non, c'est une sorte de répétition, un entrainement à l'élongation des muscles. L'effet des contractions est progressif. A un moment, ça embraye. On aperçoit les cheveux (fig.15). Ça y est, le bébé relève la tête, sa nuque est maintenant sous la symphyse pubienne. Apparait le front. Puis rapidement les yeux, le nez, la bouche, enfin la tête entière se dégage, souvent accompagnée d'un jet de liquide amniotique. La tête effectue une rotation sur le côté, une épaule apparait, puis l'autre, le praticien et les parents les dégagent et prennent le bébé sous les bras, le tirent doucement vers eux. Enfin, le bébé attendu depuis si longtemps est là et ses parents le posent sur le ventre de sa maman.

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Quelques contractions suffisent souvent pour l'enfantement. Mais la durée varie beaucoup avec les femmes et avec l'environnement, comme pour la dilatation. Pour un premier bébé, on compte 20 mn à 1 heure ou même plus, tandis que pour les autres, ça peut aller beaucoup plus vite. C'est comme si l'organisme se souvenait. Il est alors prudent de se rendre à la maternité au premier signal. Répétons qu'un environnement défavorable peut retarder et allonger cette phase.

Références des renvois dans le texte


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Texte conforme à la nouvelle orthographe française (1990)

Texte 1981 - Dernière correction 03 juillet 2008

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